Bienvenue dans mon algo.
Je scroll donc je suis.
J’ai décidé d’écrire une newsletter pour faire un check up de mon addiction au scroll infini sur les réseaux sociaux et partager un peu de ce moment spécial que je passe sur le petit écran qui occupe souvent le creux de ma main et la surface de mon esprit.
Le scroll provoque chez moi (et chez vous certainement aussi) beaucoup de sentiments contradictoires. On n’a pas encore décidé collectivement que le scroll pourrait être un hobby, peut-être parce qu’une activité est censée apporter avant tout du bien-être et non de la culpabilité, or, si vous ne ressentez pas de culpabilité après avoir passé plusieurs heures sur les réseaux sociaux, c’est peut-être que vous êtes exceptionnel ou bien dans un profond déni.
Le scroll prend tellement de place dans ma vie. Je dois dire que les choses ont empiré lorsque j’ai installé Tiktok sur mon téléphone, scroller m’a placé dans une boucle un peu étrange : j’aime m’allonger, regarder des vidéos car rien ne me détend plus. J’aime perdre la notion du temps et avoir l’impression de quitter mon corps : plus rien n’existe sauf mon cerveau qui se sent stimulé. Le scroll est à la fois le problème et la solution. Il calme ma grande anxiété momentanément. La difficulté arrive quelques temps plus tard, au moment de l’overdose. Telle une junkie, la nausée m’envahi et je regarde avec horreur le temps passé sur mon écran. Toutes ces choses que j’aurais pu/du faire et que je vais remettre à demain.
J’admire sincèrement les gens qui sont capable de déconnecter, de supprimer les applications de leurs téléphones, qui pratiquent le self contrôle. Ma solution est plus radicale : depuis toujours, je n’ai pas de forfait internet sur mon téléphone. Sans wifi, je n’ai pas accès aux réseaux sociaux, quel soulagement. J’ai encore la possibilité de prendre les transports en communs et regarder ce qu’il se passe autour de moi, je peux aller boire un verre avec des amis sans me soucier des notifications sur mon téléphone et je peux mettre le mode avion quand je vais au cinéma, puis l’oublier à la sortie du film.
Mais telle une affamée, au moindre signe de wifi je me reconnecte et scroll scroll scroll.
Ma propre addiction me préoccupe tellement que c’est un sujet de conversation récurrent avec mes proches, à la fois pour évoquer le temps perdu mais aussi pour raconter les choses que je regarde.
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Surfer, ou plonger?
Car s’il est difficile d’arrêter, c’est qu’internet est un monde immense, délicieux, étrange et effrayant que j’aime parcourir. Et comme mon algorithme est calé sur ce que j’aime regarder, ma for you page est pleine d’ésotérisme, de théories du complot, d’idées révolutionnaires et autres expériences de niche. Rien de trop dark, car j’ai besoin d’espoir pour survivre à la brutalité du monde, mais définitivement un contenu fascinant et décalé.
J’ai habituellement un comportement assez passif avec les réseaux, je n’aime pas partager, je crois que je ne suis d’ailleurs pas très douée pour ça, ce qui me provoque une autre forme de culpabilité, car en temps qu’artiste j’ai l’impression d’avoir échoué à montrer ce que je fais. Je me demande si ce statut fait de moi une Peeping Tom ? J’ai passé tellement de temps à lire les témoignages de gens sur internet, écumer les forums, mener des enquêtes, tomber dans le rabbit hole, me trouver souvent à des endroits où des récits très vulnérables sont racontés et où je n’ai rien à faire là, seulement pour éponger ma curiosité.
Il est temps pour moi de faire quelque chose de cette addiction. Puisque je ne veux simplement pas arrêter de trainer mes yeux sur les réseaux, autant partager mes trouvailles sur internet et en parler. Cette newsletter est pour moi l’occasion de transformer une mauvaise habitude en quelque chose de concret et d’intéressant, en terme plus juste, je veux exploiter mon scroll, y amener un regard critique.
Ainsi, chèr.es lecteurices, bienvenue dans mon algo.




Bravo et merci pour ce partage. J'ai hâte d'en lire plus !
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